"Il est bon ton café Pedro"
Retrouvez le chapitre précédent :
http://evenouvelle.canalblog.com/archives/2015/08/16/32493901.html
Elle passa la porte du bureau.
Mr SCHWARTZ était déjà là.
Un vrai leader ce monsieur SCHWARTZ.
Arrivant tôt, travaillant dur, rentrant tard… Il était l’exemplarité incarnée…
« Bonjour ma petite Brenda.
-Bonjour monsieur SCHWARTZ.
-Comment-allez-vous ?
-Très bien, je vous remercie.
-Dites-moi, je ne savais pas que vous connaissiez DE CORTE. »
Brenda dut faire un effort surhumain pour réfléchir à toute vitesse…
« DE CORTE… DE CORTE… »
Ce nom lui disait vaguement quelque chose, mais quoi ?
« DE CORTE ? Non, ça ne me dit rien…
-Mais enfin, DE CORTE ! Beverly DE CORTE! La grande pouliche de la communication !
-Ah… Beverly DE CORTE…
-En tout cas, elle a l’air de vous connaître, elle ! »
Et à nouveau, Brenda réfléchit à toute allure, ne sachant pas quelle attitude adopter face à monsieur SCHWARTZ. Elle n’avait pas vraiment compris si son patron voyait cette relation d’un mauvais œil ou non…
Elle en était encore à se demander comment réagir quand il conclut :
« -Bref ! Je vois qu’une fois de plus, vous n’êtes pas très réveillée. Un petit café peut-être pour activer vos neurones ? »
Toute la bonne humeur et la joie de vivre de Brenda s’envolèrent par la porte entrouverte du bureau en une fraction de seconde.
Mais quel affreux bonhomme ce monsieur SCHWARTZ !
Comment pouvait-il être aussi injuste envers elle qui, admirable dans l’énergie qu’elle déployait dès l’aube et dans toute tâche accomplie, avait juste eu un temps d’hésitation ???
Ah non, vraiment elle ne méritait pas ça !
Elle se sentie accablée.
Pas encore 9 heures du matin et sa journée serait gâchée ? Hors de question !!!
Monsieur SCHWARTZ sortit de la pièce, lâchant dans le couloir :
« -Ça démarre bien…
Et dire qu’il n’est pas encore 9 heures…
Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon dieu pour être assisté par des ravis de la crèche pareils moi ? »
Brenda ne releva pas, trop contente qu’il soit sorti du bureau, lui laissant le temps nécessaire à rassembler ses esprits et à décider si, oui ou non, elle devait afficher à la vue et au su de tous, un lien avec Beverly DE CORTE.
C’est alors que son regard se posa sur une enveloppe kraft juchée entre le clavier et l’écran de son PC.
Une enveloppe qui arborait l’inscription : « Brenda tout court…» écrite à l’encre rouge…
En tant qu’agent administratif chevronné, Brenda reconnut tout de suite le format de l’enveloppe, 24/32, et en conclut qu’il ne s’agissait pas des habituels appels d’offre dont elle devait finaliser la mise en forme avant leur parution…
Et puis, cette inscription « Brenda tout court … ». Autant de familiarité, ça ne pouvait définitivement pas être d’ordre professionnel.
Elle qui menait une vie sociale des plus restreintes au sein de la mairie ne voyait pas vraiment pas qui pouvait lui adresser ce pli.
Elle s’assit, sortit le coupe-papier du tiroir et entreprit l’ouverture du pli mystérieux.
Mais c’était sans compter sur l’irruption de monsieur SCHWARTZ dans le bureau, un gobelet de café fumant à la main :
« Tenez ma p’tite Brenda. Vous m’avalez ça fissa et en route pour la réunion avec le 1A et le 2A ! »
Brenda se sentit maudite d’avoir laissé sortir de son esprit cette satanée réunion bimensuelle avec les deux plus grands frustrés de pouvoir de la mairie… Le premier adjoint et le deuxième adjoint.
Que se passait-il donc aujourd’hui pour que le sort s’acharne ainsi contre elle ?
Sans la préparation mentale qu’elle menait chaque quinzaine avant ce rendez-vous des plus pénibles, elle craint un instant de ne pas survivre à cette matinée.
Et, comme elle essayait de boire le plus rapidement possible son café sans se brûler, le goût corsé et enveloppant de son breuvage la rassura. Comme un homme aux épaules larges qui vous prend dans ses bras, embrassant chastement vos cheveux, murmurant : « ça va aller ma grande, tu es bien plus forte que tout ça ».
Elle réussit même à réaliser que monsieur SCHWARTZ n’était pas un si mauvais bougre que ça… Un râleur certes, mais avec un grand cœur.
Il n’était pas simplement allé lui chercher un café, non, il était allé jusque dans la salle de repos de la « dream-team », là où on trouve la meilleure cafetière de tout le bâtiment. Là où on trouve également le plus grand nombre d’hypocrites du bâtiment. Presque un gentleman ce monsieur SCHWARTZ finalement…
Elle se sentait toute chose à la fin de son petit aparté avec ses pensées…
Elle sortit son rouge-à-lèvres de son sac-à-mains et s’enduit délicatement et légèrement les lèvres avec ce rose printanier. « water melon ». Joli nom.
Elle se mit ensuite en route, ses dossiers du jour sous le bras, marchant d’un pas léger aux côtés de ce drôle de bonhomme qu’était son boss.