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à l'aube d'une Eve nouvelle
5 juin 2015

Le chef

retrouvez le chapitre précédent ici :

http://evenouvelle.canalblog.com/archives/2015/02/27/31614014.html

 

Brenda se regarde dans le miroir.

Elle n’a pas très bien compris ce qui vient de se passer avec Beverly. Mais, de manière instinctive, elle sent qu’elle n’a pas failli. Elle se sent même satisfaite.

Elle entend comme une musique dans sa tête. D’abord les violons, suivis de près par la basse, la guitare électrique et le piano qui arrive comme  la cavalerie. Chaka Khan commence à chanter : « I’m every woman, it’s all in me… »

Elle se redresse, sourit et sort triomphante des toilettes pour dames, la musique résonnant dans ses oreilles.

Elle adopte, sans même sans rendre compte, la démarche chaloupée de toutes les barbies du bureau…

 

Quand elle arrive à son poste, tout s’arrête brusquement. Monsieur SCHWARTZ, son supérieur hiérarchique est là et la regarde d’un air ahuri :

« Et bien ma petite Brenda, vous sortez d’où comme ça ? Vous avez l’air toute émoustillée… »

La chanson triomphante dans sa tête cessa aussitôt, comme un disque qu’on veut arrêter trop brusquement et qu’on « scratche ».

Déjà qu’en temps normal, elle n’aimait pas beaucoup Mr SCHWARTZ, mais le fait qu’il l’ait coupée dans son élan, avec une remarque si « déplacée »…

Beurk, beurk, beurk, elle n’aimait pas ce vilain bonhomme !

 

Monsieur SCHWARTZ avait une cinquantaine d’années. Il était de taille moyenne, les cheveux poivre et sel et était légèrement enrobé.

Il avait les pectoraux tombant de ceux qui se sont adonnés à la musculation dans leur jeunesse mais avaient tout arrêté soudainement. Lui voyait cela comme de beaux restes, ses jeunes subalternes comme les stigmates de quelque chose qui devait déjà paraître comme usurpé à l’époque du banc de musculation. Imaginez vous-même : monsieur tout-le-monde avec les pectoraux de Mister T… Curieux animal…

Fort heureusement pour lui, il avait un caractère affirmé et ne doutait pas une seule seconde du bon goût dont il faisait preuve pour mettre son corps d’athlète en valeur. C’est vrai que c’est plus simple quand c’est assumé !

Il annonçait clairement la couleur et quiconque ayant connu les années 80 connaissait, ou du moins reconnaissait les personnages qui avaient marqué Mr SCHWARTZ à l’époque, et pour toujours.

Ce qu’on voyait au premier regard, c’étaient ses cheveux.

Il arborait la coupe de cheveux d’un footballer allemand à la grande époque : court sur les côtés, long sur la nuque… On pouvait y reconnaître Eike IMMEL ou Harald SCHUMACHER .

Par ailleurs, Mr SCHWARTZ  se félicitait de savoir dompter sa pilosité et de pouvoir présenter à la face du monde la même moustache que Tom SELLECK alias Magnum, son idole absolue…

Vous vous doutez bien que Mr SCHWARTZ n’était pas du genre à faire les choses à moitié. Il portait, chaque jour de la semaine, des chemises et des chemisettes aux motifs ridicules mais aussi tous plus hideux les uns que les autres. Il y avait la chemise « vespas », la chemise « cannettes des coca », la chemise « chapeaux de cowboy », la chemise « pinces à linge », la chemise « nounours »…

A ce stade de la présentation de Mr SCHWARTZ, j’imagine que vous avez la nausée ou, tout du moins, un peu mal au foie, c’est pourquoi je vous ferai grâce de la description des couleurs des chemises de Mr SCHWARTZ.

Quel pouvait être le message délivré par un tel accoutrement ? Bien malin celui qui pourrait le dire.

 

Et puis il y avait aussi les chemisettes du week-end.

Motifs hawaïens uniquement.

Les premiers boutons savamment défaits afin de laisser apparaître sa toison argentée…

Ah, qu’il se sentait bien dans les chemisettes du week-end.

Pour parfaire la panoplie du détective d’Honolulu, il ne se déparait jamais de sa paire de Rayban Aviator aux verres « miroirs » et il ne se privait pas non plus d’exécuter le geste mythique de son héro, sa marque de fabrique : le clignement de sourcils.

Les sourcils soulevés puis rabaissés comme d’autres feraient un clin d’œil. Ce Tom SELLECK, quel homme subtil quand même…

Alors c’était parti pour le tour dominical.

A la boulangerie : clignement de sourcils !

Au marché : clignement de sourcils !

A la maison de la presse : clignement de sourcils !

Il y avait les fois où il devait enchaîner plusieurs clignements de sourcils et ce n’était pas chose facile. Il lui arrivait donc fréquemment de ne pas parvenir à réaliser l’enchaînement. En somme, les week-end, en fin de matinée, Mr SCHWARTZ avait tout le temps l’air étonné, ses sourcils restant bloqués en position haute.

 

On imagine donc aisément que Brenda avait du mal à rester enfermée, 8 heures par jour, dans le même bureau que cet individu qui ne doutait ni de sa classe absolue (Tom SELLECK quand même…), ni de son pouvoir de séduction.

La remarque de tout-à-l’heure l’avait replongée dans son rôle d’agent administratif : sérieuse, stricte et robotisée. Tout ce qu’on voudra, à condition de ne pas laisser à Monsieur SCHWARTZ un seul interstice dans lequel il pourrait s’immiscer pour la taquiner ou pire encore, pour la « dragouiller »…

 

A SUIVRE...

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